T'es chiante!

Les mots du quotidien ?

· Suggestions,non-violence

Lui : « T’es chiante ! »

Moi : « alors d’abord, je t’interdis de m’insulter. Ensuite, ce qui se passe là c’est que tu réalises que je ne suis pas conforme à TES fantasmes. Cela ne fait pas de moi une femme chiante, mais une femme REELLE ! Et si tu préfères m’insulter plutôt que d’exprimer ce que tu ressens, libre à toi, mais franchement, c’est gratuitement désagréable et, toi et moi, on ira pas loin comme ça ! »

Sur le moment j’ai été très fière de cette répartie dont j’étais la première surprise. C’était effectivement un progrès considérable. Quelques temps avant, je me serais dit « chiante, c’est pas méchant, si cela me blesse, c’est juste parce que je suis hypersensible… il est seulement contrarié, ce n’est pas grave. » et je me serai tue.

Pourtant aujourd’hui je suis consciente que, c'est agressif d’interdire quelque chose à un adulte. Intrusif d’imposer SON décryptage des émotions de l’autre, le pourquoi de son comportement (que l’analyse soit, ou non, proche de la réalité), agressif de conclure en dévalorisant l’autre et par une menace implicite « si tu recommences, je te quitte ! ».

Bref mes propos étaient de même nature que les siens… Et derrière ma satisfaction d'avoir eu de la répartie (pour une fois!), il y avait aussi l'amertume de me sentir loin de lui, de l'avoir dévalorisé. Parce que cet homme-là, je l'aimais de tout mon cœur.

Peut-être que cette histoire t’évoque quelque chose ?

Ou alors tu te dis, mais quelle fixette elle fait pour un « t’es chiante » qui n’est même pas une vraie insulte ?!

C’est vrai, c’est assez tranquille comme jugement de valeur, c’est exactement pour cela que je l’ai choisi. Car, je souhaite attirer ton attention sur tous ces moments de la vie quotidienne, ces micro-trucs pas vraiment méchants, qu’on balance ou qu’on reçoit sans en faire grand cas. On le fait plus facilement avec ses proches, ceux qu’on aime pourtant si fort... car ils sont parfois si agaçants!

Que tu sois celui qui a dégainé ou celui qui réplique, que tu ais l’impression de répliquer alors que l’autre considère que tu dégaines… Cette situation, répétée x fois chaque jour, à longueur d’année, ne te fais pas du bien.

Parce que oui, si tu dis quelque chose d’agréable à quelqu’un, tu te sens mieux que si tu lui dis quelque chose de désagréable, même si tu as de bonnes raisons d’être énervé.

Pas la peine de parler si fort, je t’entends d’ici ! Tu te dis : « ouais, sauf qu’il y a bien des moments où on n’a pas le choix, on est obligé d’être désagréable ! »

Y a-t-il vraiment des situations de ta vie quotidienne où tu es absolument obligé d'être désagréable ? En es-tu sûr sûr sûr ?

Moi aussi j’ai pensé comme toi, tellement longtemps… et il s’est passé bien des évènements, avant que je sois convaincue du contraire : nous sommes désagréables parce que nous pensons qu’il n’y a pas d’autres options, ou alors parce que nous ne nous rendons simplement pas compte de l'impact de nos propos sur l'autre, ou encore parce que nous pensons que c'est l'autre qui a commencé...

C’est pourquoi aujourd’hui, je t’invite à émettre une hypothèse : il y a certains moments où tu pourrais, alors même que tu te sens contrarié, dire ou faire quelque chose d’agréable. Si cette hypothèse te séduit, passons aux travaux pratiques.

Il y a-t-il un truc pas cool du tout, que tu te dis à toi-même, fréquemment ? Moi par exemple à chaque fois que je faisais une boulette, je disais, dans ma tête, ou à voix haute, « Mais quelle CONNE ! ». J’ai décidé de le transformer en «Quelle pomme ! ». Au départ je n’y arrivais pas tout le temps. En revanche cela me faisait rire, déjà c’était plus sympa que de m'insulter. Ensuite j’ai réussi à le faire systématiquement et je m’en suis félicitée. Puis mon ton a changé : de très énervé, il est devenu calme, tendre. Aujourd’hui, en te racontant cela, je réalise qu’il m’arrive très rarement de me dire «Quelle pomme ! ». Et je ne pense pas faire moins de "boulettes" qu'auparavant, simplement, mon regard a changé.

Est-ce qu’il y a des moments où toi aussi tu te dis des trucs pas sympas ? Si oui, par quoi pourrais-tu les remplacer ?

Est-ce qu’il y a des situations qui se répètent où ton conjoint, ton enfant, ton collègue, ton associé… t’agace tellement que tu finis par balancer un « t’es chiant(e) » ou équivalent ? Note que ta formulation peut être très subtile, je t'invite à prêter attention à ton intention au-delà des mots pour identifier ce moment-là.

Si oui je te propose de réfléchir afin de mettre en place une autre habitude, en 2 temps :

1. Prendre trois longues respirations pour te reconnecter à ton intériorité, calmer ton émotion, trouver les mots emplis de justesse.

2. Dire gentiment, quelque chose du type :

  • Rien du tout, parfois accepter ce qui est, et se taire et la meilleure option. Veille à ce que l’expression de ton visage « se taise » aussi, soit en harmonie avec ton acceptation,
  • Ce que tu ressens,
  • Ce que tu demandes à l'autre : formule ta demande, dans une phrase simple, directe, explicite,
  • Que tu préfères arrêter la conversation car tu es trop énervé pour que cela ait du sens et que tu proposes de la poursuivre à un moment défini.

Commence (tout) petit, c’est la règle d’or de tout changement : choisis un seul petit pas, tu pourras toujours en faire un autre plus tard.

"Dans la vie il faut choisir entre être heureux et avoir raison."

Auteur inconnu. Quelqu’un me l’a dit un jour, j'ai retenue cette phrase que j'ai compris des années après.

Si cette phrase te parait très bizarre, je t'invite à la poser dans un coin de ta tête. Cela pourrait infuser et donner de jolies choses...

J’ai pris ces tigres pour illustrer ce sujet car cesser de rugir extérieurement et/ou intérieurement, est une belle façon de faire un pas vers toi-même. S’il y a du calme en toi, cela te laisse de l’espace pour être en contact avec toi, un espace pour ressentir la jolie personne que tu es. Savourer ce sentiment plein de justesse.

Tu remarqueras que cette proposition concerne ton bien-être à toi et peut aussi avoir des effets positifs sur ton entourage. Ce n'est pas du tout en contradiction, c'est même un phénomène que tu vas pouvoir observer de plus en plus en prenant de mieux en mieux Soin de Toi.

Aimée

Créatrice de PSdeToi