Sécher Noël

Parce que Noël ne rime pas toujours avec paix, joie et amour

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Je m'apprête à partir quelques jours pour fêter Noël en famille.

Je me sens en paix, dans l’amour et dans la joie à cette perspective.

Je savoure.

Pour moi cela a un goût particulier car, pendant presque 20 ans, j’ai séché Noël.

Je me suis autorisée à m’éloigner parce qu'être en présence des membres de ma famille me faisait plus de mal que de bien

Quand j’avais 19 ans j’ai cessé de vivre dans ma famille d’origine car c’était trop de souffrance pour moi. A Noël, en particulier, je ne sentais pas la paix et l’amour dont tout le monde parle.

Moi, j’avais mal... alors qu'il fallait sourire.

Mon expérience de la vie m’avait amené à me positionner sur les relations humaines : elles devaient faire plus de bien que de mal... ou ne pas être. Je constatais que bien mes relations avec certains membres de ma famille se rangeaient dans les catégories de celles qui ne devaient pas être.

Je souris aujourd’hui en pensant que, à l’époque, je croyais être presque la seule au monde dans ce cas!

Pendant mes études je travaillais dans un fast-food. J’étais la collègue chouette toujours ok pour bosser à Noël… et éviter la réunion de famille. Vivant en couple, j’étais ravie de passer Noël dans la famille de mon homme qui vivait à l’autre bout du pays. Célibataire, je tenais compagnie à un ami qui se retrouvait seul à Noël. J’ai même, volontairement, passé quelques Noël avec moi-même. Avec un vrai déni de Noël, en faisant des 24 et 25 décembre des jours ordinaires. Ce fut une grande libération. Je ne me sentais pas spécialement dans la joie ou l’amour, mais en paix, oui.

Vis-à-vis de ma famille, j’étais impuissante à expliquer. Je ne me souviens pas non plus que quelqu’un ait vraiment cherché à me comprendre. J’ai plutôt été jugée, soupçonnée de faire tout cela comme une ado attardée : pour me faire remarquer ou faire volontairement de la peine.

Cela me choquait que l'on me prête de mauvaises intentions, et confirmait que je faisais bien de rester à l’écart. Mon attitude était une mesure de sauvegarde de ma personne. Mon éco-système familial générait trop de souffrance en moi, je n’avais pas d’autre choix que de me réfugier dans ma forteresse et monter le pont levis. Parfois, je culpabilisais. Je me disais alors que pour éviter une souffrance immense et stérile, que j’étais certaine de vivre, j'avais le droit de potentiellement faire de la peine à quelques-uns par mon absence. Ces quelques-uns ne semblant même pas voir mon mal-être, cela m’aidait à poser ma culpabilité de côté.

Je suis revenue parce qu'en moi, il y a la possibilité de l'esprit de Noël

Aujourd’hui je me prépare à fêter Noël dans ma famille d’origine. Cela fait plusieurs années maintenant que j'ai osé y retourner. Est-ce que les personnes qui la composent ont changés ? Probablement, tout le monde évolue, la vie est mouvement. Mais si j'ai osé y retourner, c’est parce que moi j’ai changé. Je me suis sentie en capacité d'y être, indépendemment des autres.

Mon cœur s’est ouvert à la vie en commençant par m’accueillir moi-même de façon inconditionnelle, à m’aimer et me respecter simplement parce que je suis en vie. M'autoriser à faire des choses qui "ne se font pas" a été une des clefs de mon évolution. Mon environnement est mouvant, je ne le maîtrise pas. Mais je peux toujours compter sur mon cœur. Il est mon ami le plus fidèle et le plus futé. Il m'ouvre à mon environnement et il m’en protège aussi. Il me donne les clefs pour activer les filtres au moment où j’en ai besoin. Avec lui, je suis en sécurité. Alors la paix, l’amour, la joie et l’esprit de Noël peuvent vivre en moi.

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Mon histoire est unique et très banale

Souvent lorsque l'on ressent l’impérieuse nécessité de faire quelque chose « qui ne se fait pas », incompréhensible pour les autres, cela vaut le coup de l’assumer. Se faire confiance même si on ne distingue pas encore quel chemin la vie va nous faire prendre.

Si vous vous rendez à une réunion de famille en traînant les pieds, peut-être il y a -t-il encore moyen de l’éviter ? D’en réduire la portée en jouant sur la durée, les personnes avec qui vous passez ce moment ? De dire non à certaines situations qui ne vous conviennent pas ? De vous mettre en mouvement pour provoquer ou accueillir celles qui vous font du bien ?

Si dans votre famille, quelqu’un adopte un comportement bizarre à Noël, ne jugez pas, ne faites aucune supposition. Souvenez-vous à quel point la vie et le chemin de chacun sont mystérieux. Les têtes et les cœurs sont insondables et les âmes plus encore.

Allez lui parler si vous avez besoin de partager votre ressenti de la situation. Si vous êtes prêt à entendre le sien. Si votre cœur peut s'ouvrir grand, de façon inconditionnel, entendre que cette personne puisse refuser ce dialogue, tout en appréciant peut être l’intention. Sinon, abstenez-vous. Laissez à cet autre la responsabilité de ses choix.

Tout comme celui qui s'indignera d'un comportement qui "ne se fait pas" fera seulement part de sa propre indignation.

Rappelez-vous

La vie est mouvement : ce qui est aujourd'hui, est aujourd'hui. Elle est emplie de surprises, comme un cours d'eau qui peut sembler sec et se transformer soudainement en rivière animée d'un vif courant.

Pour que la paix, la joie, l’amour soit présent, il faut que les cœurs soient grands ouverts.

Il appartient à chacun de prendre soin du sien et de faire de son mieux pour respecter ceux des autres. Cela quel que soit l'état de ces coeurs.

Anne Marie