Les cadeaux sont un carrefour entre la relation à l’autre et la relation à soi. Notre sociabilité nous a appris à privilégier la relation à l’autre lorsque l’on reçoit. Il parait qu’il est poli de sourire et de dire merci.
Les autres options "ne se font pas".
Je vous propose aujourd’hui de prendre le risque d'avoir l'air impoli pour prendre soin de vous. Cela vaut le coup, promis.
Prendre soin de soi en recevant un cadeau
Avez-vous remarqué qu’ouvrir un cadeau n’est pas toujours une expérience agréable ? Que notre conditionnement nous contraint parfois à une distorsion : feindre la joie… alors que ce n’est pas cette émotion qui est présente ?
Avant de dire merci en mode automatique, on peut s’autoriser à prendre 2 secondes avec soi.
Est-ce que recevoir ce cadeau :
- Vous emplie de joie ? si oui, la bonne idée est d’aller au-delà du merci, de raconter l’effet que cela vous fait à la personne en question. Elle partagera votre joie, elle en saura plus sur vous. C'est aussi une opportunité de vous sentir connecté, en lien profond avec cette personne.
- Vous indiffère ? portez votre attention sur l’intention de la personne de vous faire plaisir et trouvez quelque chose de positif sur le cadeau lui-même à dire… une façon de rester en phase avec vous et en lien avec l'intention de l'autre.
- Vous ennuie, dérange, agace… au-delà du merci spontané de politesse, vous pouvez prendre le temps de vous interroger. Qu’est ce qui se passe en vous ? Que ce passe-t-il dans la relation ? En particulier s’il arrive souvent que cette personne vous fasse des cadeaux déplaisants.
Refuser un cadeau
Le plus simple socialement, sur le court terme, est souvent d’accepter le cadeau quitte à ne jamais l’utiliser ou à le donner/vendre rapidement.
Est-ce la meilleure option pour prendre soin de soi ? du lien avec l'autre ?
Pas toujours. Parfois il vaut mieux refuser un cadeau ou le rendre après un temps de réflexion. Cela par respect pour vous, ou si refuser permet de faire évoluer la relation avec un proche.
Voici trois exemples :
- Les cadeaux intéressés : « je t’offre un vélo car quand je fais des balades, à vélo le week-end, j’aimerais que tu viennes avec moi », à quelqu’un qui n’a jamais exprimé de goût pour les balades à vélo, et n’a pas été consulté au préalable sur le sujet.
- Le cadeau peu attentionné à répétition : « je t’ai pris ça parce que je me suis dit que si tu n’aimais pas, ce n’est pas grave, je le garderai, moi j’adoooore ! ». La personne qui a entendu cette phrase (oui, quasiment tout vient d’histoires vécues sur ce blog) a laissé reposer sa surprise. Puis elle a réalisé qu’effectivement ce cadeau était bien dans les goûts de l’offreur et pas dans les siens. Cela lui donnait l’impression de ne pas en avoir reçu de cadeau. Elle a donc rendu l’objet en question d’autant plus facilement qu’elle y avait été invitée. A un offreur qui ne pensait pas être pris au mot… et qui a compris qu’un cadeau c’est d’abord une attention à l’autre. Cette personne qui a osé rendre ce cadeau, avec un dialogue authentique, s'est vu ensuite offrir un vrai cadeau : quelque chose qui lui a fait vraiment plaisir.
- Les cadeaux impliquants pour celui qui le reçoit : La box expérience extrême (saut en parachute, élastique....) tout le monde n'est pas adepte des sensations fortes. Idem sur les cadeaux de développement personnel qui fleurissent. Le risque d'intrusion est fort. Même le meilleur livre pour trouver l'amour est mal perçu pour celui ou celle qui est célibataire. Si cet état n'est pas souhaité, cela appuie là où ça fait mal. Si c'est souhaité, cela résonne comme une injonction à "rentrer dans la norme".
Exprimer ses envies de cadeau
Non ce n’est pas impoli en soi. Exprimer ce qui vous ferait plaisir à votre entourage, c’est même souvent rendre service. Dans la mesure où cela est bien un souhait formulé comme tel, et non une exigence.
C'est là qu'un point d'attention sur vos intentions s'impose. Etes-vous certain que si l'on vous offre autre chose, ce ne sera "pas grave" ?
Oser offrir, ce qui n’a pas ou peu de valeur marchande
Dans notre culture dépenser de l’argent pour faire un cadeau, de préférence matériel que l’on peut toucher, voire de « marque » apparaît une norme sociale. Le montant financier dépensé dirait la taille de l'affection.
La valeur pécunière d'un cadeau n'est pas corrélée au plaisir de celui/celle qui le reçoit. Enfant on vous l’a dit. Probablement, vous aussi, vous le dites aux enfants : un vrai cadeau vient du cœur, il n’y a que cela qui compte. En avez-vous vu la démonstration enfant ? En faites-vous la démonstration aux enfants qui vous entourent ? Aux adultes ? Car eux aussi, ont besoin de connexion de coeur à coeur.
Tout achat de bien matériel peut venir du cœur bien sûr, mais quand on pense d’abord par le cœur, on n’a pas la même liste de cadeau à offrir.
Quelques idées de cadeaux, déconnectés du porte-monnaie, à offrir ou se faire offrir, et que Dame Nature saura aussi apprécier :
- vivre quelque chose ensemble comme une ballade, un spectacle, un dîner, un atelier cuisine. Ce cadeau est particulièrement apprécié par les enfants lorsqu’il est offert par un adulte qui ne s’occupe pas de lui au quotidien et qui lui offrira toute son attention pendant l’expérience. Idem entre adultes qui se voient peu ou toujours en coup de vent, sans espace d'attention l'un à l'autre.
- offrir quelque chose de lié aux dons de celui qui offre (lire ou écrire un texte ou un poème, chanter ou composer un morceau de musique). Cela peut être aussi quelque chose de matériel fait maison si vous vous assurez de la demande expressément. Sinon, il y a le risque du concept "collier de nouilles" qui passent super-bien venant d'un enfant, et plus difficilement de la part d'un adulte.
- faire une déclaration d'amour ou d'amitié : l'écrire, la dessiner, la peindre, la clamer en public... mille et une façon en direct du cœur pour dire comment un lien vous nourrit et exprimer votre joie à la personne concernée, la joie de votre lien et du simple fait que cette personne soit au monde.
- offrir quelque chose qui s’autodétruit par l'usage et se consomme sans nécessiter la présence de celui qui offre (à boire ou à manger, des fleurs coupées…) dans les cadeaux les plus «ToutTerrain ».
- de l’argent pour participer à un achat coûteux important pour la personne. Envoyer une photos de ce qui sera acheté ou partager ce qui sera vécu grâce à cette cagnotte peut être bienvenus de la part de celui/celle qui reçoit le cadeau.
Les plus joueurs peuvent demander pour un anniversaire ou lors des fêtes de fin d'année à ne recevoir que des cadeaux qui ne s'achètent pas ou s'autodétruisent par l'usage.
Il est aussi possible de s'autoriser à ne pas offrir de cadeau à une personne si cela ne serait pas en cohérence avec l'état de la relation. Reconnaitre avec soi-même, que là, ce n'est pas opportun pour soi. Le légender ou pas à l'autre, en fonction de ses possibilités. Ou de se contenter de quelque chose de symbolique comme des fleurs ou des chocolats.
Chiche ?
Anne Marie