Février, je mange une aubergine

Nous ne sommes pas des machines

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J'ai été éduqué au fait de manger des légumes de saisons. J'ai de la chance que mon éducation au goût ce soit faite de cette façon. Cela n'a pas empêché qu'adulte j'ai une phase tout à fait inconsciente dans ma relation à la nourriture où j'ai expérimenté à peu prêt tout et n'importe quoi. Sans compter que durant ma vie étudiante, ma cantine était le fast-food où je travaillais... et j'adorais ça!

Aujourd'hui où je suis (presque) une sage!

Si aujourd'hui j'achète de saison, au-delà de mon enfance à la campagne et de tout ce que j'ai lu sur la nourriture par des experts qui se contredisent entre eux, c'est parce que j'ai expérimenté. J'en suis ainsi arrivée à manger végétal, vivant varié... dans mon quotidien. À choisir aussi une alimentation bio, à cuisiner moi-même à partir de produits les plus frais possibles, a créer des recettes qui satisfassent mon palais très gourmand, compatible avec ma disponibilité pour cuisiner. C'est à la fois pour le présent, aussi parce que cela aide à me développer spirituellement en favorisant une nourriture élevée sur un plan vibratoire. Cela correspond aussi à ce qui me parait le mieux concernant l'impact de ma personne sur mon environnement, tant économique que planétaire. J'ai mon idéal!

J'ai eu des moments, après certaines découvertes où j'ai tenté de faire tous les jours comme cela. Puis j'ai compris que ce n'était pas compatible avec ma vie sociale. Même si depuis les offres de restauration ont bougées : plus de frais fait maison, plus de végétal, ou de non-animalier devrais-je dire. C'est plus facile qu'avant mais cela reste une contrainte trop forte pour être compatible avec ma vie sociale. Il ne m'est pas possible de manger frais, de saison, bio, local et végétalien à 100%.... et un plat gustatif, lorsque je mange hors de chez moi.

Etre humain c'est accepter l'imperfection

Aujourd'hui j'ai mangé une aubergine alors que nous sommes en février, pour des raisons 100% internes à ma personne. Je sais pertinemment que dans la région où j'habite aucune aubergine ne pousse à cette saison de l'année. D'ailleurs dans mon magasin bio c'est écrit cette aubergine, elle vient d'Espagne. Ce qui n'était pas écrit et ce que j'imagine c'est qu'elle a probablement grandi sous serre. Car je crois que même dans le sud de l'Espagne ce n'est pas la saison des aubergines en plein air.

Pourtant j'ai acheté mon aubergine. Dans mon épicerie c'était comme d'habitude il y avait plusieurs types de choux de la variété aussi sur les courges et potimarrons, des poireaux, des panais, des champignons, des betteraves, et de la salade. Autant de légumes que j'apprécie beaucoup.

Mais voilà d'un seul coup en les regardant j'ai ressenti une forme d'ennui j'ai eu l'impression que cela faisait des semaines et des semaines que je mangeais toujours la même chose. J'en ai eu marre! Comme il y avait aussi des aubergines j'en ai choisi une avec délectation, je l'ai mise dans mon panier avec une grande joie et je suis passé à la caisse.

On rentrant chez moi j'ai imaginé comment j'allais la cuisiner pour que ce soit un vrai festin. Un festin ce le fut. J'ai aussi pensé à toutes les aubergines que je mange avec nettement moins de délectation quand c'est la saison des aubergines.

J'ai repensé à ce sujet d'évolution de conscience de soi, de chaque acte du quotidien. Pourquoi d'habitude j'achète et mange de saison ? Pourquoi aujourd'hui je ne l'ai pas fait ? Pourquoi je suis si fière de m'en sentir si bien ?

Etre humain c'est prendre du plaisir

Etre humain, être pleinement vivant c'est avoir besoin aussi de faire les choses simplement parce que là tout de suite maintenant, on en a envie!

Si mon mode de vie évolue en permanence, que je n'en finis pas de découvrir des jolies choses dans mes expériences, c'est justement grâce au fait que de plus en plus je m'ouvre à l'imperfection : j'accepte mon humanité. Il y a quelques semaines je déjeunais avec un ami un peu désolé de m'inviter dans un restaurant conventionnel : il avait peur qu'il n'y ait pas de plat végétalien. Je lui ai dit : "t'inquiète je négocierai avec le serveur". Ce que je suis habituée à faire. Ce jour-là en plat du jour, il y avait des rognons avec une sauce à la moutarde. Souvenir d'enfance, madeleine de Proust, cela faisait des années que je n'en avais pas mangé. J'ai commandé des rognons et je les ai mangé avec un grand plaisir. Mon ami était surpris : "ça alors! toi, tu manges des rognons!"

Vivre c'est être dans la nuance : choisir un mode de vie avec des lignes directrices idéales. S'autoriser à un moment à faire comme on aurait fait il y a 20 ans ou dans une autre vie! S'observer après. Parfois c'est toujours un vrai kiff, parfois c'est devenu très moyen comme expérience.

Vivre c'est considérer son incarnation avec de la non-linéarité car nous ne sommes pas des machines, avec les nuances de nos conflits internes, nos incohérences et celles du monde qui nous entoure.

Anne MARIE

www.psdetoi.fr