Quand le corps dit STOP
Passé l’âge de trente ans, j’ai remarqué que je buvais de moins en moins en volume. Je sentais que, après quelques verres, mon corps résistait comme s’il se sentait plus vite rassasié d’alcool, avant que je ne me sente saoule. J’ai accepté, cela m’allait bien.
En sortant de mon premier jeûne, exercice qui m’avait imposé de ne pas boire une goutte d’alcool pendant 3 semaines, j’ai repris un verre de vin et je n’ai pas pu dormir de la nuit. Mon corps était littéralement sous tension comme si je venais de prendre un shot d’une drogue, de celles qui permettent de s’éclater en after. Sauf que je n’avais pris qu’un verre de vin. Une part de moi savait déjà que mon corps me signifiait que je ne devais plus boire d’alcool. Le corps a toujours raison, il sait. C’était tellement difficile à accepter de ne plus boire du tout. Une autre tentative m’a amené à sentir des fourmis se balader sur tout mon corps et me chatouiller de façon insupportable. Sauf que mes yeux et mes mains disaient qu’il n’y avait aucune fourmi sur mon corps. Un dermatologue a conclu à une allergie cutanée. Je te précise ici pour avoir rencontré pleins de personnes qui jeûne qu’aucune n’a vécu la même chose. Cela a été l’élément déclencheur pour moi, ce n’est pas une conséquence du fait de jeûner. Même si cette pratique conduit probablement à un mode de vie plus sain.
J’ai mis environ 1 an à cesser vraiment de boire, à déconstruire peu à peu mes conditionnements sur le sujet. Cela a été difficile pour moi. Il y a un groupe d’amis que j’ai cessé de voir. Ce n’était pas des personnes qui buvaient beaucoup d’alcool. Simplement, se réunir était l’occasion de boire quelques verres de vin, et un peu plus pour les grandes occasions. Avec eux, en étant sobre, je me suis sentie décalée. C’est à un anniversaire que j’ai osé m’écouter. J’étais très heureuse de m’y rendre. Le début de soirée était joyeux. Puis, de contente d’être là, je suis passée à “qu’est-ce que je fais là?” Les conversations m’ennuyaient, j’avais l’impression que l’on me criait dans les oreilles, la musique était trop forte. Cela faisait plusieurs fois que quelqu’un me bousculait sans même s’en rendre compte. Alors que j’avais envie de rentrer et de dormir, le gâteau n’arrivait pas. Je sentais que pour les autres, c’était une super soirée. J’étais là physiquement et complètement déconnectée du groupe. J’ai fini par oser partir avant les bougies! J’ai offert mon cadeau à l'intéressé, me suis excusée de ma grande fatigue qui était réelle, et je suis rentrée dormir.
Cette soirée a été un déclic pour moi.
Cela fait près de 10 ans maintenant que j’ai “arrêté de boire”. Moi qui n'ai jamais été alcoolique au sens médical du terme.
Ce qui a changé
Plein de choses ont changé pour moi durant cette période et toutes ne sont pas liées à l’absence d’alcool. Disons que l’alcool-free dans ma vie est une des conditions de ces changements, dont voici une liste non-exhaustive :
- qualité des liens relationnels : c’est la première chose qui me vient. Sans que cela ne soit volontaire, je fréquente aujourd’hui plus de gens qui ne boivent pas, ou peu. Ne pas boire d’alcool est une condition nécessaire pour vivre les relations conscientes auxquelles j’aspire.
- ma capacité à sentir mon état de fatigue et à y remédier. Je suis devenue couche-tôt et je me donne le droit d’être reposée. Bien des gens pensent que l’alcool endort. Ce n’est pas vrai. Il est possible de tomber de sommeil après avoir bu beaucoup d’alcool mais ce n’est pas sur le moment. Dans un premier temps, l’alcool fait son travail d’excitant. Quand la fatigue apparaît, il y a une sorte de double effet : la fatigue présente + celle provoquée par l’ingestion d’alcool.
- ne plus avoir de gueule de bois ;-) Je me suis rendu compte qu’il n’y a que 3 boissons alcoolisées que j’aime vraiment. Parfois l’idée me revient et je prends une gorgée dans le verre de quelqu’un d’autre. C’est un pur kiff. Une invitation à ne consommer que ce que j’aime vraiment, quel que soit le domaine et dans une quantité qui peut être infime. Une prise de conscience d’un monde d’avant où j’étais souvent en pilote automatique.
- à écouter davantage mon corps, lui faire confiance, ce qui joue aussi sur mes capacités intuitives… et mon calme mental. Je sais que la tête, même bien faite, a ses limites!
- à passer en état de conscience modifiée facilement et sans substance : pratique d’auto-hypnose, voyage chamanique seule ou guidée, danse libre, chant spontané… à développer ma propre médecine.
- demander à ce que l’on partage l’addition au restaurant! J’étais militante du “on divise la note par le nombre de personnes”, sauf cas très particulier. Je trouvais cela plus joyeux. Lorsque j’ai réalisé que la part d’alcool que comprend une note de restaurant peut être équivalente à celle des plats, j’ai changé d’avis. Ce n’est pas seulement un sujet de porte-monnaie, c’est aussi que, je n’ai pas envie, de contribuer à financer une situation qui m’est désagréable. Une histoire de justesse plus que de justice.
Entre le moment où mon corps a dit “non” à l’alcool et le moment où je l’ai savouré, il s’est passé plusieurs années de résistances. J’ai retrouvé un peu mon histoire avec la cigarette. Sur un plan macro c’est le même sujet. Dans mon intériorité, à l’échelle individuelle. Niveau social, l’alcool est plus difficile, car il n’est pas considéré comme un problème. Il faut assumer de passer pour une rabat-joie parfois et apprendre à rassurer sur le lien autrement.
Sur un plan économique et fiscal, tabac et alcool contribuent à nourrir le mal-être individuel et collectif. Ils alimentent les premières "causes de mortalité" que sont les cancers et les maladies cardio-vasculaires, de façon stables depuis des années.
Si tu as envie de savoir comment j'en ai fini avec la cigarette, c'est par ici !